Année 2020
Par le Président de l’association : Pierre-Yves Malo
Notre association a vécu, en 2020, comme nous tous, une année bien particulière. C’est un truisme, du fait de la quasi mise à l’arrêt brutale pendant le premier confinement et de ce qui s’en est ensuivi. Cela a engendré pour nous le report d’un séminaire et d’un colloque et l’arrêt de notre permanence à l’association. Nous n’imaginions pas, lors de notre Assemblée Générale de l’année dernière, ce qui allait nous tomber dessus, annus horribilis. Nous avons dû faire face comme tant d’autres à cette situation sanitaire exceptionnelle.
Notre chargée de développement associatif, Peggy Jouin, s’est mise en télétravail à temps partiel. Nous avons heureusement obtenu la possibilité de la déclarer en chômage partiel, ce qui nous a permis de traverser la tempête. Un retour, alors, à notre fonctionnement des débuts basé presque essentiellement sur le bénévolat. Rapidement, nous nous sommes appropriés le logiciel zoom pour nous permettre de continuer à nous retrouver, mais à distance. Conseils d’administration, groupes de travail, groupes d’analyse de pratiques ont pu être maintenus grâce à cela, une forme de mode dégradé de notre fonctionnement associatif, mais une solution utile pour maintenir notre activité. Utile aussi en ces circonstances pour maintenir du lien, nous en avions besoin. Pour prendre l’exemple de mon groupe d’analyse de pratiques, nous en avons même doublé la fréquence quelques mois car la nécessité était grande de garder le contact, d’échanger sur ce qui nous arrivait, d’analyser nos pratiques dans ce moment très tendu pour nous tous, nos institutions et, bien sûr, pour nos patients et leurs aidants. Enfin, certaines formations ont pu être maintenues, entre les gouttes…
De démobilisation en remobilisation, le stop and go a aussi été la réalité de notre association. Mais ainsi, nous ne pouvons pas dire que nous avons vécu une année blanche. Elle a été, certes, moins prolifique que d’autres, mais cela n’a pas été une année entre parenthèses. Juste une année différente, une année bizarre, une année masquée…
Nous avons ainsi rendu possible, in extremis avant la deuxième vague, un séminaire, certes petit en nombre de participants, mais en ces circonstances c’était déjà pas mal, et qui a permis aux présents de s’exprimer sur cette crise sanitaire exceptionnelle. Étonnement, ce n’était pas prévu et cela interroge, nous avons eu quasi exclusivement des psychologues à s’y inscrire. Un plus grand besoin d’analyse de ce qui nous touchait ? Cela fait partie de l’ADN de notre profession que de s’arrêter et de réfléchir. Et puis les soignants étaient épuisés (les psychologues aussi pourtant), sans doute peu en condition pour, à ce moment-là, venir dire leur réalité quotidienne. Et les institutions avaient d’autres chats à fouetter…
C’est aussi pourquoi, pour laisser le temps nécessaire à sortir de l’enlisement psychique dans lequel nous étions, nous avons décidé de lancer un appel à contribution pour un ouvrage collectif sur ce que nous avons vécu. Un ouvrage très libre : analyse, retour d’expérience, billet d’humeur, ou nous souhaitons rassembler les écrits et les paroles de soignants, de personnes âgées, d’aidants. Il contiendra aussi une synthèse de ce qui s’est échangé lors de notre séminaire d’octobre. Publié dans notre nouvelle collection « Sciences Humaines, Vieillissement & Santé Publique », il relatera nos histoires intimes, cliniques ou institutionnelles, nos colères, nos interrogations, nos inventions.
Et puis, après deux années où nous avions déjà eu le plaisir d’accueillir au sein de notre association deux nouvelles antennes, Part’âge NordMand et la Caennaise, une nouvelle antenne s’est créée en 2020. L’Association Psychologie et Sujet âgé (APSâ) de la Roche-sur-Yon en Vendée a souhaité rejoindre notre association. Pour elle, le désir de trouver un nouveau souffle et la possibilité de s’appuyer sur notre solidité et notre solidarité associative. Pour nous, l’intérêt d’accueillir dans notre association des professionnelles motivées, déjà sensibilisées au fonctionnement associatif et dont les valeurs et les idées sont identiques aux nôtres. Avec ces trois nouvelles antennes, notre association initialement bretonne nous permet de nous ouvrir sur un nouveau périmètre, le grand ouest. Et cela a du sens pour nous car, quand nous regardons d’où viennent les participants à nos séminaires, colloques, c’est essentiellement de cette zone géographique. Extension, donc, du domaine de la lutte.
Mais aussi, et ce n’est pas rien, rajeunissement des troupes ! Notre maison-mère rennaise, sans être vraiment âgée, commence à, comment dirais-je… prendre de l’expérience ! La constitution des antennes a eu comme conséquence de rajeunir les membres actifs de l’association, condition essentielle pour durer et s’améliorer. Et puis nous avons réalisé en 2019 le colloque « Transmettre », cela ne fait que mettre en pratique nos idées ! Nos antennes nous autorisent, voire même nous obligent à cela, à mettre notre expérience à leur disposition et à leur esprit critique. Transmettre nos valeurs, nos méthodes, nos analyses, nos écrits, mais aussi entendre d’autres sons de cloche. C’est, tout simplement, sain et utile.
Alors, 2020, on n’oublie pas, on ne la met pas entre parenthèses comme la Covid a tenté de le faire pour nous. Que cette expérience toute particulière nous soit profitable autant qu’elle nous a été désagréable. C’est aussi la mission des associations que d’aider à la résilience et à l’invention, toujours.
Le rapport moral a été approuvé à l’unanimité.